Petit à petit, Yuan fait son nid.

Une métaphore

Je vais vous raconter une métaphore à laquelle je pense souvent.

Je vis dans une petite municipalité au Québec.

Cette municipalité est divisée en deux parties par une autoroute.

Je vis au sud de l’autoroute où il y a beaucoup de nouveaux développements.

Il s’agit d’un quartier totalement résidentiel, avec parcs, forêt, golf, et sans aucun commerce de proximité.

Je suis toujours étonnée de voir combien de personnes vivent de l’autre côté de l’autoroute, au centre-ville de la municipalité, là où se trouve l’ancien quartier.

Ces personnes ne connaissent pas du tout l’endroit où j’habite. Et pourtant, ce sont souvent des gens qui vivent ici depuis plus de 20 ans.

Quand ils découvrent cette nouvelle région, ils me disent, “Wow, c’est un super bel endroit, comment ce fait-il que je ne le connaissais pas avant ?”

Effectivement comment ?

Le premier tourne à droite, c’est le chemin qui mène directement à un gigantesque centre commercial. Les gens ont l’habitude de prendre ce chemin régulièrement.

Quand on tourne à gauche, on doit d’abord traverser une petite forêt, sur un chemin entouré par les arbres des deux côtés. Mais après avoir traversé la forêt, vous découvrez le nouveau quartier.

Malheureusement, les gens manquent de curiosité, ils prennent trop souvent le chemin qu’ils connaissent déjà bien, le chemin de droite.

Ils ne se demandent pas où mène le chemin de gauche. Ils n’ont pas le réflexe de traverser la forêt pour découvrir ce qu’il se passe de l’autre côté.

Alors, quand je rentre chez moi, après avoir traversé l’autoroute, je tourne à gauche, et pendant que je traverse le petit bois je réfléchis souvent à cette question.

Je suis une immigrante.

Ça demande déjà beaucoup de courage pour immigrer dans un autre pays où les gens parlent une langue complètement différente de la nôtre.

J’ai des amis qui voudraient immigrer au Canada eux aussi, mais ils ont toujours peur parce qu’il y voient des petites forêts, comme la barrière de la langue, comment trouver un travail, comment gagner sa vie ici. Le chemin n’est pas clair pour eux. L’avenir est incertain…

Alors, finalement, au lieu de choisir l’inconnu, ils choisissent la voie la plus connue, la plus familière et, surtout, la plus facile.

Je ne juge pas leur attitude face à la vie.

Mais la conséquence de leur choix est qu’ils ne peuvent pas voir la beauté de la forêt, la liberté, l’air frais, l’esprit léger ; ils ne peuvent pas goûter les bénéficies associés à leur probable immigration.

Comme mes clients le disent souvent, “Bon, ici c’est un très bel endroit.”

Notre attitude détermine le chemin de notre vie, et la curiosité et le courage sont toujours des qualités que j’apprécie.