Loto
“Français ou anglais ?”
Quand il m’a vu dans la salle d’attente, c’était sa première phrase, il n’y avait pas d’ouverture chaleureuse telle que «Bonjour, comment allez-vous?» ou «Enchanté».
J’étais un peu surprise, mais je n’ai pas réagi, «Les deux, ça va.»
Puis, il s’est présenté et s’est avancé pour me donner une poignée de mains.
J’ai immédiatement avancé vers lui: «Je m’appelle Yuan, enchantée.”
Mais ce n’était pas une poignée de main chaleureuse ou solide, j’ai juste touché deux ou trois doigts, à peine, c’était un peu moelleux, un peu humide…
Ensuite, il a commencé à me parler de sa santé.
J’étais très concentrée mais lentement je me sentais devenir de plus en plus nerveuse.
Ce n’était pas à propos de ce qu’il avait dit, c’était comment il me parlait…
Sa façon de me regarder était assez étrange…
Il est grand, mais il se penchait vers moi, un peu trop, ça m’a apporté une certaine pression et ça m’a mise mal à l’aise.
En même temps, il me regardait continuellement, fixement, profondément…
Je sentais que son regard était comme un couteau ; qu’il pouvait facilement me pénétrer et clouer mon corps directement au mur derrière moi…
Je ne sais pas pourquoi, mais tout à coup j’ai pensé au Dr Hannibal Lecter, le brillant psychiatre qui est aussi un psychopathe violent dans le film «Le silence des agneaux»…
Quand j’ai commencé à parler, j’ai senti mes lèvres s’assécher, j’avais des difficultés à trouver mes mots…
L’heure m’a paru beaucoup trop longue… vraiment. Enfin, le traitement s’est terminé.
J’aurais aimé que ce soit la première fois et aussi la dernière fois que je le voyais, mais une semaine plus tard, il est revenu…
La deuxième fois que nous nous sommes vus, j’avais encore peur de lui, mais à la fin j’ai remarqué qu’il touchait à quelque chose dans les oreilles.
Ce fut une révélation fulgurante, j’ai soudain compris la raison pour laquelle il me regardait comme ça.
Je lui ai donc demandé directement: “Est-ce un appareil auditif que vous portez?”
Il m’a répondu “Oui.”
Ahhh… c’était la raison pour laquelle il me regardait comme ça, car il devait observer la forme de mes lèvres pour mieux comprendre ce que je disais.
Il m’a dit que son problème d’audition était une maladie génétique familiale qui touche seulement les garçons.
Sa grand-mère l’a transmis à la famille. Son grand-père était ok. Mais son père a perdu 50% de son ouïe à sa naissance. La même chose lui est arrivée, mais ses soeurs sont ok. En ce qui concerne ses enfants, son fils a le même problème, mais sa fille va bien.
J’ai ressenti sa frustration en tant que père, et pour que ce soit plus facile, j’ai dit: “On dirait que vous avez gagné à la lotto!”
Il riait ; moi aussi.
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